Une telle affirmation vous surprendra sûrement. Encore plus venant d’un blog principalement destiné au voyage. Mais voyager, ce n’est pas qu’aligner les cachets dans un passeport, c’est aussi réfléchir à tout un tas de choses. Surtout lorsque l’on voyage seul, l’introspection est maximale et les montagnes russes d’émotions nous en apprennent beaucoup. Et puis un blog dont le but premier est d’encourager les gens au voyage, c’est aussi encourager les gens à mieux se connaître.
Affirmer haut et fort que les buts chiffrés sont néfastes va étonner. Et les critiques pleuvoir. Après tout, qui mieux que moi peut le comprendre ? J’ai passé la majeure partie de ma vie à ne vivre que de buts en buts. Une façon de vivre, d’avancer, de se dépasser, de se motiver.
Buts, objectifs, performance. Les maitres mots de la société actuelle. Dans nos vies professionnelles, dans nos loisirs, les objectifs sont l’outil de mesure ultime. Mais nous aident-ils vraiment à avancer ?
Jetons un coup d’œil à comment fonctionnent les objectifs. En règle générale, vous vous trouvez un but, ou pire, on vous l’impose. Vous faites de votre mieux pour y arriver, vous vous dépassez, vous donnez le meilleur de vous-même et dans une grande majorité des cas, vous y arrivez. Et vous êtes contents de vous. Mais pour combien de temps ? Je vous invite à y réfléchir. Et quelle est la sensation que vous ressentez après cet accomplissement ?
J’ai réalisé que la satisfaction d’avoir atteint un but chiffré est extrêmement courte. Une heure, un jour, quelques semaines. Jamais plus. Sans parler de la sensation de vide qui vous atteint dès le lendemain. Une question revient sans cesse : « et maintenant ? ». Vous vous trouverez un autre but et l’atteindrez. Vous serez satisfait quelques heures et l’éternelle question reviendra. Encore, encore et encore. La machine est lancée.
Le problème des buts chiffrés est qu’il est impossible pour la plupart des êtres humains de se satisfaire de ce que l’on a ou de ce que l’on a réalisé. Quelques exemples : «visiter X pays avant 30 ans», « courir un semi-marathon en moins de X minutes », « gagner X euros par an », « maigrir de X kilos », « coucher avec X filles », etc, etc, etc… On a tous eu un tel genre de but chiffré dans notre vie. Tous ces exemples se soldent par le même résultat : satisfaction passagère et établissement d’un nouveau but, plus haut, plus fort, plus impressionnant. Après 10 filles, vous en voudrez 20, après 40 pays vous en voudrez 50, et les 2000 euros que vous vous étiez fixés vous paraitront bien maigres dans quelques mois.
Quelle conclusion en tirer ? Notre égo est un animal insatiable. L’être humain n’est jamais satisfait de ce qu’il a et d’une certaine façon, c’est ce défaut qui nous a permis d’évoluer et de rechercher sans cesse le progrès. Je ne veux pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais au delà des besoins essentiels de la pyramide de Maslow (physiologiques, sécuritaires, appartenance, amour, etc..), je crois qu’il est impossible de trouver des buts qui nous rendent heureux indéfiniment. Tous ne seront que passagers.
Avoir des buts chiffrés nous rendent-ils dès lors malheureux ? Je n’irais certainement pas jusque là. Mais je pense qu’enchaîner les buts à longueur d’année n’est pas la solution pour un épanouissement personnel. Regardons simplement l’économie actuelle basée sur la croissance effrénée pour se convaincre que la solution n’est pas là.
Quelle solution alors ? C’est drôle, mais les livres de développement personnel parlent exhaustivement de l’importance d’atteindre ses buts, jamais de ce qui vient après. Personnellement, je pense que la clé se trouve dans le juste milieu, comme souvent. Ce juste milieu qu’est le présent. A force de regarder vers l’avant, vers le but à atteindre, on en oublie souvent ce présent, si éphémère, si fuyant. Une citation du Dalaï-Lama me vient directement en tête ; Lorsqu’on lui demanda ce qui l’étonna le plus :
« Les hommes… Parce qu’ils perdent la santé pour accumuler de l’argent, ensuite ils perdent de l’argent pour retrouver la santé. Et à penser anxieusement au futur, ils en oublient le présent, de telle sorte qu’ils finissent par ne vivre ni le présent, ni le futur. Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir… et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu. ».
Comment vivre dans le présent ? La question est lancée. L’équilibre doit être trouvé. Profitez de ce que vous avez plutôt que d’espérer quelque chose qui vous détournera de celui-ci. Plutôt que de vouloir voir un maximum de pays rapidement, profitez davantage, voyagez lentement. Faites du mieux que vous puissiez sans vous fixer un objectif chiffré. Profitez du chemin, pas du but en soi. Ne vivez pas pour un leurre futur qui vous apportera une satisfaction éphémère et accélèrera votre quotidien qui vous passe déjà souvent sous le nez. La vie est assez courte comme ca, nul besoin de voir si loin. Faites les choses par passion, pas pour le but en soi. Soyez la meilleure personne que vous puissiez être. Et par dessus tout, donnez, transmettez. Que ces choses obtenues servent à quelque chose.
Tout ce que je veux éviter, c’est d’avoir l’air d’un psychologue de gare prêchant sa bonne parole. Je veux simplement vous faire part de mon expérience et de mes tentatives pour sortir de ce cercle vicieux qu’est l’établissement d’objectifs. Après une décennie à avoir vécu de la sorte, je peux vous le dire, ca n’est pas le résultat qui rend heureux, mais bien ce présent qu’il faut chérir.
5 comments
Hello Arnaud,
Et bien, quel article ! 🙂
Je l’ai lu hier soir avec attention mais je voulais prendre le temps de te répondre correctement aujourd’hui.
Je suis à la fois d’accord et pas d’accord avec toi sur le fait qu’avoir des buts peut être néfaste. Je m’explique:
D’un côté, je suis d’accord avec toi parce qu’il y a, en effet, cette sensation de « montagnes russes » quand tu as l’excitation de la réalisation et de l’atteinte de ce but puis la chute une fois que c’est fait bien que je trouve cette vision grossièrement simplifiée. Pourquoi ? Parce que tout dépend du but en question. Ce peut être quelque chose qui te procure une satisfaction à long terme… ou pas, je te l’accorde. Aussi, je te rejoins sur le fait qu’un but imposé par quelqu’un d’autre n’a strictement rien à voir avec un but que nous nous fixons nous-même ! Les enjeux et la satisfaction sont complètement différents.
D’un autre côté, avoir des buts permet justement de se maintenir actif et motivé, toujours occupé à faire quelque chose qu’on aime, qui nous passionne, qui nous anime. Par exemple, je prends mon cas: j’adore les challenges ! J’ai besoin de ça dans ma vie pour me sentir bien. Sans ça, je m’ennuie… Faire toujours la même chose ne me convient pas, il faut que ça bouge, que ce soit varié. Ce n’est pas toujours possible, soit, mais je fais en sorte que ça le soit le plus souvent possible, notamment en voyageant ! 😉
Peu importe le domaine, j’aime essayer de nouvelles choses et me défier à concrétiser des projets divers et variés. Je n’ai pas forcément besoin de les enchaîner les uns après les autres, tout dépend du projet en question aussi, mais ça ne m’empêche pas d’en profiter en parallèle.
En d’autres termes, j’aime beaucoup et je suis entièrement d’accord avec la citation du Dalaï-lama que tu partages. D’ailleurs, je pense très honnêtement qu’on peut absolument trouver un équilibre entre avoir/atteindre des objectifs et profiter de l’instant présent. En tout cas, c’est ce que je fais ou que j’essaye de faire au mieux ! 🙂
C’est pour ce genre d’échange d’idées que j’écris et je comprends tout à fait ta réponse.
Nos points de vue se rejoignent un peu en fait. Pouvoir atteindre ce juste milieu, entre profiter du présent et atteindre ses objectifs sans avoir besoin de s’en fixer un autre, le graal ultime. Malheureusement, nous n’en sommes pas encore tous capables et c’est un travail de tous les jours que de profiter du moment plutôt que de regarder trop loin.
Merci pour ta contribution Cynthia, toujours au top!
Très bel article… merci.
Je suis tombée par hasard sur ce blog en cherchant les horaires de bus à Ometepe.
Merci beaucoup!
en effet, l objectif est souvent imposé inconsciemment, quand on regarde le sport en athlétisme ou autres il faut absolument faire péter le reccord pour espérer gagner.(imposé par la structure) c est exactement la meme chose pour le boulot, on nous imposes des défies des challenges qui nous poussent inconsciemment vers toujours plus de performance et d’efficacité mais surtout allez toujours plus vite. et celui qui s’arrete en cours, on ne fait pas demi tour pour le repêcher. lhomme est un égoiste il veut à la fois la santé, les ressources, et le sexe. Voilà les 3 pole auxquels tournent l’existence humaine actuelle. Regardez autour de vous vous ne trouverez en majorité des personnes occupées, qui n ont jamais le temps de se consacrer aux autres (sauf pour de l argent), qui prennent toujours la voiture pour se sentir fort et en sécurité, et de mettre des lunettes de soleil pour cacher leur regard dépressif ou anxieux à l idée de ne pas atteindre ses objectifs de la semaine. (femme/homme) les objectifs chiffrés sont devenus la gangrène de notre époque, tout se joue par des chiffresmeme à l ecole, dans les université, on se fait concurrence par des chiffres.. Beaucoup de gens croient au bonheur matérialiste qui en réalité ne dur pas. Tu les voient tout vaquer à leur occupation , pour au final montrer aux gens qu’on a réussi. si on réussi c est pour montrer aux autres qu’on a réussi et jamais une satisfaction personnelle ou le sentiment du devoir accompli nnnnnnn, c est un genre de « regardez, j ai réussi et je vous emmerde! » surtout chez les femmes ( je ne suis pas misogyne, ou sexiste, avis au féministes) l. Dsl pour se tableau sombre, mais c est une réalité et q’on ne me reproche pas d etre pessimiste car je fais que constater.. On confond souvnt objectif et projet, l objectif du projet cest de réussir le projet. Une foi le projet réussi, on passe à un autre projet.
Je penses(selon moi, Socrate), que le vrai bonheur se trouve en la foi en dieu et l’espérance de le rencontrer un jour. la foi procure une sensation démesuré de bonheur intérieur et de satisfaction . Islam vérité.